Témoignage sur la FEH
J'ai rencontre Gladys Thomas lors de mon 1er séjour en Haïti, le 9 septembre 2010. C'est une femme énergique et déterminée, joyeuse et portée par sa foi et ses nombreux projets pour la FEH : l'orphelinat, l'hôpital de quartier et les écoles. L'orphelinat, dans lequel je me suis rendue le même jour, est installé sur un vaste terrain où Gladys a l'intention de créer d'autres bâtiments (des écoles, selon mon souvenir).
L'orphelinat n'a semble t-il que très peu souffert lors du séisme. Des expertises ont été réalisées et les lézardes des murs rebouchées. L'établissement est très bien tenu, des murs peints de couleurs vives et gaies. Les chambres sont impeccablement rangées, les salles de classe sont nickel. Les enfants (une quarantaine) m'ont accueillie par des chansons de bienvenue, mi-espiègles mi-sérieux.
C'etait encore la période des vacances pour eux, car la rentrée scolaire a eu lieu le 4 octobre. Un autre groupe d'enfants, très lourdement handicapés, pour certains d'entre eux, sont installés dans le prolongement du bâtiment. Les enfants circulent aisément d'un espace à l'autre. Les femmes qui s'occupent d'eux m'ont parues très investies et très attachées à Gladys. Les plus âgés des enfants (13-14 ans) prennent soin des plus jeunes. ll y a quelques bébés. Les enfants, dont certains sont arrivés récemment suite au séisme, sont en bonne santé, bien traités et semblent très heureux dans ce centre.
J'ai également visité l'hôpital que gère aussi Gladys. Celui-ci a été en partie détruit le 12 janvier, mais lorsque j'y suis passée, la reconstruction était quasiment achevée. L'inauguration de cette structure à taille humaine (35 lits), qui prend en charge les populations vivant à proximité (notamment un camp de réfugiés), aura lieu en novembre. Il est doté d'équipements ultra modernes (salle d'accouchement et de couveuses, service de néonatalogie, blocs opératoires, radiologie...) ll fonctionne aussi comme hôpital de jour et dispensaire.
L'équipe (surtout des femmes) est dynamique, soutenue par des équipes temporaires étrangères, est très impliquée dans son action, sous la houlette enthousiaste de Gladys.
En dehors de ces petits havres protégés, la ville de Port-au-Prince est encore partiellement sous les décombres et fonctionne en mode survie a tous les niveaux : tentes, camps, abris et baraques ; distributions d'eau ; queues interminables pour faire des papiers ; petits commerces de rue et partout des gens qui déblaient, rafistolent, bricolent. La ville est en effervescence car chaque journée qui passe est une lutte pour garder la tête hors de l'eau. Et c'est le cas pour un peu tout le monde : des plus pauvres aux plus aisés. Les personnes ou familles qui ont été affectées n'ont pas fait leur deuil et l'émotion est palpable a chaque instant.
En toile de fond politique : la préparation chaotique des élections avec 19 candidats déclarés ! Les murs en vrac se couvrent donc de portraits peints, slogans et tags vantant les mérites des différents candidats. Résultats : courant Novembre.
Toile de fond climatique : beaucoup parlent de la faille de Leogane qui pourrait, si elle craquait, et ce qui semble inéluctable, être encore plus meurtrière ; et puis le pays se "prépare" à la saison des ouragans, redoutées par tous, surtout ceux qui vivent sous tentes. La Croix Rouge est très active sur ce point.
Bref, un pays qui s'accroche, avec l'énergie du désespoir, pour faire mentir le funeste destin qui lui est promis, mais qui n'est pas au bout de ses peines. Et un peuple aux abois et très affecté, mais à l'étonnante vitalité...
Septembre 2010
Claire Martin